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31mar10
Le régime de facto utilise la police et l'armée pour réprimer dans la violence en plusieurs endroits du pays.
Après quelques heures d'apparente stabilité, qui ont coïncidé avec les négociations entre le Congrès National hondurien et les dirigeants de la Fédération du corps professoral d'Honduras (Federación de Organizaciones Magisteriales de Honduras - FOMH), le 31 mars, les Honduriens ont connu une phase d'atteintes graves aux droits de l'homme. Un état d'urgence qui implique la police et l'armée du gouvernement de facto qui dirige le pays. "
Les événements qui se sont répétés de manière systématique ces trois dernières semaines, avec la participation directe de l'administration de l'État et des instruments du monopole de la violence - la Police Nationale et l'Armée -, ont attiré tant soit peu l'attention du monde sur le Honduras. "
L'intérêt de la communauté internationale pour la crise générée par le coup d'État est encore peu marqué, mais il s'agit d'un élément-clé pour dégager des solutions institutionnelles qui pourraient susciter des consensus sociaux et politiques minimums pour transformer le pays.
De ce fait, le Comité des familles de détenus et de disparus au Honduras (Comité de Familiares de Detenidos Desaparecidos en Honduras - COFADEH) demande que les espaces de solidarité et les forums politiques inter-états prennent politiquement position le plus vite possible, afin de faire cesser la violence et la répression disproportionnées utilisées par les forces militaires contre la population civile mécontente, demandeuse de changement et résistante depuis le coup d'État de juin 2009.
Dans les différentes régions du pays, les manifestations de la population en général, solidaire de la résistance du corps professoral qui défend la gratuité de l'école publique, ont été réprimées par un usage excessif de la force, enfreignant de ce fait les recommandations des Nations Unies sur l'usage des armes non létales.
Le bilan tragique de la "grève civique nationale" (Paro Cívico Nacional) convoquée par le Front national de résistance populaire (Frente Nacional de Resistencia Popular - FNRP) est le suivant :
Nord
À San Pedro Sula, capitale du département de Cortés, la fille de l'ancienne députée du Parti "Unification démocratique", Silvia Ayala, a été blessée lors de la violente expulsion des étudiants du centre universitaire Valle de Sula, et des dizaines d'étudiants et d'enseignants ont été arrêtés.
Le jeune étudiant de 20 ans, Josué Rodríguez, a été touché près de l'oreille droite par un cylindre métallique dégageant des gaz lancé par la police à l'intérieur d'un édifice de l'université.
Les bâtiments du centre régional universitaire ont été encerclés par des policiers et des soldats afin d'empêcher que ne sortent les étudiants et les enseignants, sur lesquels étaient lancées des bombes lacrymogènes, provoquant parmi ceux-ci des évanouissements et des vomissements, à cause des fumées.
Dans les localités de Santa Cruz de Yojoa, Potrerillos, La Lima et Choloma, département de Cortés, 43 personnes ont été arrêtées pour avoir participé à la grève. Elles n'ont été libérées qu'hier soir, certaines avec des traces de coups, d'autres ayant été insultées et agressées par des paroles discriminatoires.
À Las Flores, Santa Cruz, département de Cortés, le commissaire Rubí, neveu de l'actuel procureur général, a déclenché une violente répression contre les manifestants et a ordonné l'arrestation de 17 personnes, qui ont été transférées au commissariat de police nº 1 de San Pedro Sula, dont Lidia Arita, Nedi Santos Castillo, Antonio Maradiaga et Glenda Cabrera. Six personnes ont été blessées par balle, dont Daisy Sabillón et Manuel Miranda, et emmenées par des particuliers à l'hôpital Mario Catarino Rivas de San Pedro Sula.
Les forces anti-émeutes ont aussi crevé les pneus de plus de trente véhicules avec leurs armes à feu et des couteaux, et ont poursuivi avec des bombes lacrymogènes et des tirs les propriétaires des voitures, qui trouvèrent refuge dans la forêt à proximité.
À Potrerillos, dans le département de Cortés, à hauteur de El Triunfo, cinq personnes ont été blessées. Alejandro Duarte García a été blessé à la tête ; Luciano Barrera Monroy a reçu des coups dans les jambes ; Haydee Márquez del Cid, Junior Mejía Murillo et Gloria Marina Perdomo Rodríguez présentent des lésions aux cuisses.
Les avocats Evaristo Euceda et Iris Bude, qui menaient à bien des actions des défense des droits de l'homme au commissariat de police de Villanueva, ont été agressés verbalement et physiquement par le sous-inspecteur de police de la localité.
Dans la communauté de Tacamiche, colonie paysanne faisant partie de la localité de La Lima, département de Cortés, les forces de répression ont introduit du gaz toxique à l'intérieur des habitations pour se venger de la prise de la route menant à San Manuel et à Villanueva. La directrice de l'école locale, Mme Esmeralda Flores, ainsi que les professeurs Fabricio Sevilla et Pedro Valladares, ont été transférés au commissariat de police nº 1 de San Pedro Sula.
Colón
Lors de la grève convoquée le 30 mars par le FNRP, un homme est mort dans la communauté de Planes, localité de Tocoa, au nord du pays, à la suite de la dissolution des manifestations par la police et l'armée par des tirs à balles contre les manifestants. Il s'agissait d'un garde de sécurité d'une entreprise de distribution de poulet.
Au même endroit, situé près de la zone conflictuelle du delta du fleuve Aguan, théâtre de fréquentes disputes pour la possession des terres, onze personnes ont été blessées par balle, dont des cultivateurs, des éducateurs et peut-être des policiers.
Parmi ces personnes se trouvaient : Waldina Díaz, professeur à Trujillo ; Neptalí Esquivel, de la coopérative paysanne Nueva San Esteban ; Mauro Rosales de Mouvement unifié de l'Aguan (MUCA) ; David Corea, caméraman pour la chaîne télévisée d'Olanchito ; Juan Antonio Vásquez, président de l'entreprise paysanne Bolero ; Paulino Chávez Rosales et Franklin Hernández de la coopérative paysanne 4 de marzo ; Víctor Euceda de la coopérative paysanne 4 de febrero ; Daniel Pérez de la coopérative paysanne 4 de diciembre ; les professeurs Elías Erazo Hernández et Eduardo Rivera de la communauté Los Leones, localité de Trujillo.
Huit personnes ont également été arrêtées et transférées à la préfecture de police de Sabá.
Dans le centre
À Tegucigalpa, capitale du pays, l'Université autonome du Honduras a de nouveau été la cible des forces policières et militaires : des centaines de bombes lacrymogènes ont été lancées sur le campus, et les étudiants ont réagi en lançant des pierres.
Lors de l'incursion militaire dans un secteur périphérique de l'Université, six jeunes ont été arrêtés pour manifestation illégale : Maynor Lizandro Aguilar, 18 ans ; Marlon Alexander Rico, 22 ans ; Douglas Manuel Flores, 18 ans, ainsi que Oneyri Oneill Mejía du collectif Arco Iris (Arc-en-ciel) et Marlon Nahúm Estrada, dispatcher de taxis à l'université ; Josué Sevilla et Elwin Meza ont reçu des coups de bâtons dans le dos. Tous ont été libérés dans l'après-midi.
Dans les environs de Las Brisas, au sud de Tegucigalpa, trois personnes ont été forcées de descendre du bus et ont été emmenées au commissariat de police du quartier La Granja. Parmi elles, deux mineurs : Emerson Stevez Flores, 15 ans, et Víctor Geovanny Flores, 14 ans, ainsi que Wilfredo Flores Aguilar, 33 ans, tous libérés trois heures après leur arrestation.
Avant la mi-journée, six hommes en civil et fortement armés ont essayé de séquestrer le jeune Edy Guifarro, travaillant pour la Commission de la Vérité, lorsque le taxi dans lequel il se trouvait a fait un arrêt à hauteur de San José de la Vega. Les six individus ont encerclé le taxi, ont frappé Edy avec leurs armes, mais il a réussi à s'enfuir en courant jusqu'aux véhicules qui s'accumulaient. Les policiers le suivaient et ont tiré sur lui à six reprises, sans se soucier des autres personnes qui se trouvaient sur place. Guifarro souffre d'une rupture du tympan et de coups sur le crâne.
Au siège du Collège des professeurs de l'enseignement secondaire (Colegio de Profesores de Educación Media de Honduras - COPEMH), des agents secrets ont tenté de créer des fausses preuves contre cette organisation en "découvrant" une boîte de cocktails molotov déposées dans un conteneur public proche du siège de l'association et en rapportant cette découverte au Ministère Public. La coordinatrice générale du COFADEH, Bertha Oliva, a qualifié l'action de pré-fabrication de preuves dans le but de dépouiller l'organisation de sa personnalité juridique.
Dans la localité d'Ajuterique, département de Comayagua, 500 familles qui, il y a sept ans, avaient pris possession d'un terrain qu'ils avaient nommé Colonie du 25 octobre, ont été violemment expulsées par des policiers et des soldats accompagnés d'un juge. Les maisons, dont l'école et l'église, ont été détruites. Cinq personnes ont été arrêtées : Betuel Guillen, 19 ans, Edwin Guillen, 18 ans, Pedro Joel Hernández, Selvin Javier Centeno et Osmán Gómez, 19 ans.
Dans le sud du pays
À Nacaome, capitale du département de Valle, la police et l'armée ont mené une répression féroce à l'aide de gaz lacrymogène dans des habitations où se trouvaient des enfants, qui ont été sévèrement touchés. Un bébé de deux mois, Cristopher de Jesús Bonilla García, a été asphyxié et a dû être transporté dans un centre de soin, après que ses parents aient pu échapper aux policiers qui les empêchaient de porter secours à leur enfant en leur lançant des bombes lacrymogènes. Son père, un jeune de 17 ans, a dû sauter au-dessus d'un mur, faire du bouche à bouche à l'enfant inerte et le déposer dans les bras de son grand-père qui a pu l'emmener chez un médecin grâce à sa moto.
Lors de la répression, Mario de Jesús Sauceda, 19 ans, et José Raúl Mendoza Posadas, 17 ans, ont aussi été poursuivis et arrêtés. Ce dernier était en train de faire les courses pour sa mère. Le défenseur des droits de l'homme Andrés Abelino Ortiz Ortega, 74 ans, a aussi été arrêté pendant plusieurs minutes.
À La Flor, localité d'Amapala, département de Valle, des policiers se déplaçant en bateau à moteur ont intimidé les habitants, leur exigeant d'avouer s'ils avaient participé à la résistance lors de la grève.
Il s'agit d'événements qui se sont passés au cours d'une seule journée. Les manifestations vont continuer, et les agressions sur les personnes, les violations des droits de l'homme, vont se poursuivre "pour sédition et manifestation illégale".
Les jours précédents ont été caractérisés par une violence institutionnelle en chaîne. Il est logique de déduire que, dans les jours à venir, en plus des forces policières et militaires, des civils infiltrés et armés incitant les manifestants à l'affrontement vont faire leur apparition, et que cela se terminera en massacre.
Il est urgent que le monde se tourne à nouveau vers le Honduras, aujourd'hui. Demain, il sera peut-être trop tard.
Pas de pardon et pas d'oubli pour les faits et leurs auteurs.
COFADEHTegucigalpa, 31 mars 2011
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