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10mar16
Les assassinats sélectifs et les menaces se poursuivent à Sabana de Torres, dans la région du Magdalena Medio
L'Association paysanne de Santander ASOGRAS dénonce à la communauté nationale et internationale et aux organisations des droits de l'homme les faits suivants :
L'Association paysanne de Santander ASOGRAS rejette les nouvelles menaces reçues des paramilitaires Gaitanistas de Colombie au moyen de pamphlets dans la localité de Sabana de Torres.
1. Le 9 février 2016, vers 1 h 30 du matin, la mort a frappé la localité de Sabana de Torres : deux adolescents de dix-sept ans furent assassinés par armes à feu. Le crime a été commis vers 1 h 30 du matin, au croisement des rue 17 et 20 du quartier El Progreso. Ce crime, qui a fait deux morts, aurait été commis sur la voie publique. Une autre personne a été blessée et est en convalescence dans un centre hospitalier. Les deux jeunes, de dix-sept ans tous les deux, ont été identifiés comme étant César Andrés Muñoz Guarnizo et Duván Osorio. Plusieurs impacts de balles étaient visibles sur leurs corps ; un des deux est mort sur les lieux, l'autre, quelques minutes plus tard lors de son transfert vers l'hôpital. La localité est consternée, car c'est l'une des plus tranquilles du département en terme d'homicides sélectifs : l'année dernière, il n'y a eu que trois morts violentes de ce type. Les victimes ont reçu des impacts de balles au niveau de la tête, de la poitrine et du dos. Un jeune de dix-neuf ans a été blessé à la main gauche au cours de la même attaque.
2. Le 6 mars 2016, une autre attaque armée s'est produite. La victime, que résidait dans le quartier Gaitán de Sabana de Torres, a été blessée vers 21 h 30. Les faits ont eu lieu dans le secteur 'Los Churis', sur la voie publique. Lopera Vivas était sorti de prison le vendredi précédent, après s'être vu accordé la détention à domicile. Lors de l'attaque armée, deux autres personnes se trouvant à proximité ont été blessées alors qu'elles tentaient de fuir pour éviter les balles. Elles n'ont cependant pas dû être transférées vers un centre de soins. Seul Lopera Rivas a été admis vers 23 h 30 à l'hôpital de deuxième niveau de Barrancabermeja. La personne la plus touchée et qui avait été transférée à Barrancabermeja est hors de danger. Cette situation de violence permanente a mis en alerte la localité de Sabana de Torres.
3. Le 8 mars 2016, un double homicide survenu le week-end dans la localité de Sabana de Torres, Santander, a été rapporté. Deux personnes ont été assassinées avec une arme à feu alors qu'elles bavardaient dans un établissement ouvert au public. Cette nouvelle affaire d'homicide consterne Sabana de Torres, où les perceptions sont positives concernant l'ordre public. Les faits se sont déroulés au matin du dimanche, lorsque trois individus ont mis fin à la vie de deux jeunes. "Les deux jeunes buvaient un verre, dans un établissement public. Ils bavardaient, lorsque trois individus sont arrivés en moto, ils ont commandé des bières et tout à coup ils s'en sont pris à eux", selon des habitants de la localité à propos des faits survenus le week-end. Les deux jeunes ont été identifiés comme étant Wilmer Bacca et Eriberto Orduz, qui, selon la communauté, étaient deux jeunes responsables et coopératifs. "Le village est très triste, parce qu'ils étaient très volontaires et droits, on n'avait jamais rien entendu d'inconvenant ou de problématique à leur sujet", ont manifesté les habitants. Quelques jours auparavant, Eriberto Orduz avait justement, en raison de la sécheresse, contribué à approvisionner le village en eau, à l'aide d'une voiture-citerne appartenant apparemment à sa famille. Les chiffres du crime sont éloquents : en 2016, il y a déjà eu autant de morts violentes qu'au cours de l'année précédente. La localité est en alerte maximale en raison des faits et des troubles à l'ordre public survenus ces derniers jours dans la région Magdalena Medio du département de Santander.
4. À cela s'ajoutent les nouvelles menaces qui ont circulé à Sabana de Torres le 6 mars 2016, qui annonçaient un nettoyage social et désignaient un groupe de personnes qui seront assassinées. La menace a été proférée par un groupe s'appelant La Mano Que Limpia (La main qui nettoie). Une main noire apparaît sur leur pamphlet. La communauté est terrorrisée car certaines personnes désignées auraient déjà été assassinées.
5. À cela s'ajoutent les faits du 28 mars 2015, survenus aux environs de 21 h, à Sabana de Torres. M. Hermes Antonio Santiago Lopez, 53 ans, a été victime d'une attaque commise par un sicaire devant sa porte dans le quartier La Feria. Cette personne avait été menacée et déclarée cible militaire par le groupe paramilitaires Los Gaitanistas le 4 décembre 2014. De plus, le 10 avril 2015, M. Juvenal Doria Anaya, 36 ans, a lui aussi été assassiné dans sa propre maison dans le quartier Villa Paz. M. Alexander Jimenez Santana, présent sur les lieux, a été gravement blessé. Il a été admis dans un centre de soins de la capitale du Santander, où il se trouve toujours dans un état critique. La présence des groupes gaitanistas dans la région de Sabana de Torres et dans le Magdalena Medio est évidente. Le 19 décembre 2014, une menace des Gaitanistas est parvenue, dans laquelle un groupe de personnes de la localité de Sabana de Torres - dirigeants sociaux, politiques, dirigeants de groupes de victimes, présidents d'assemblée, ainsi que le président départemental d'Asogras - étaient désignées comme cibles militaires. Les vingt-deux personnes menacées et tout le village ont peur en raison des menaces qui nous parviennent et circulent quotidiennement.
REVENDICATIONS
I. Nous demandons au Parquet général de la Nation, emmené par M. le Procureur général Eduardo Montealegre, qu'il ordonne une enquête complète au sujet de ces assassinats et menaces, que des clarifications soient apportées concernant ces menaces et que soient capturés et sanctionnés les responsables des faits dénoncés.
II. Nous demandons à l'Unité nationale de protection qu'elle renforce les mesures de sécurité et de protection des camarades menacés se trouvant dans la zone, en leur fournissant des mesures de protection, pour que la vie et l'intégrité physique de ces défenseurs des droits de l'homme, qui ont dénoncé tous ces faits, soient garanties.
III. Nous demandons que soient accompagnés les organisations de défense des droits de l'homme, les syndicats, les associations paysannes, les corporations, les ONG, afin que puisse se poursuivre le travail social et de défense des droits de l'homme en faveur des paysans de la localité de Sabana de Torres, en envoyant des communiqués au gouvernement national rejettant ces assassinats et ces menaces.
IV. Nous demandons à la communauté internationale qu'elle se prononce auprès du gouvernement national au sujet des assassinats et des menaces survenus à Sabana de Torres. Nous demandons à la CIDH qu'elle se prononce à ce sujet et décrète des mesures conservatoires concernant cette situation, qu'elle suive de près les personnes menacées, qui ne font pas l'objet d'une protection suffisante aux fins de préserver leur vie et leur intégrité. L'État colombien portera la responsabilité de la mort des personnes menacées.
Bucaramanga 10 mars 2016
Conseil départemental d'ASOGRAS
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